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Vers la fin de sa vie, il s'intĂ©resse Ă  des modĂšles de morphogenĂšse du vivant conduisant aux structures de Turing ». Durant la Seconde Guerre mondiale, il joue un rĂŽle majeur dans la cryptanalyse de la machine Enigma, utilisĂ©e par les armĂ©es allemandes. Ses mĂ©thodes permirent de casser ce code et, selon plusieurs historiens, de raccourcir la capacitĂ© de rĂ©sistance du rĂ©gime nazi de deux 1952, un fait divers liĂ© Ă  son homosexualitĂ© lui vaut des poursuites judiciaires. Pour Ă©viter la prison, il choisit la castration chimiquepar prise d'ƓstrogĂšnes. Suicide, assassinat ou accident, Turing est retrouvĂ© mort dans la chambre de sa maison Ă  Manchester, par empoisonnement au cyanure, le 7 juin 1954. La reine Élisabeth II le gracie Ă  titre posthume en 2013. Il n'a Ă©tĂ© reconnu comme hĂ©ros de guerre que 55 ans aprĂšs sa mort. BiographieEnfance et jeunesse Alan Turing est nĂ© Ă  Maida Vale du fonctionnaire d'administration coloniale Julius Mathison Turing et de sa femme Ethel Sarah Turing nĂ©e Stoney. À partir de l'Ăąge d'un an, le jeune Alan est Ă©levĂ© par des amis de la famille Turing. Sa mĂšre rejoint alors son pĂšre qui Ă©tait en fonction dans l’Indian Civil Service. Ils reviendront au Royaume-Uni Ă  la retraite de Julius en 1926. TrĂšs tĂŽt, le jeune Turing montre les signes de son gĂ©nie. On relate qu'il apprit seul Ă  lire en trois semaines. De mĂȘme, il montra une affinitĂ© prĂ©coce pour les chiffres et les parents l'inscrivent Ă  l'Ă©cole St. Michael's Ă  l'Ăąge de six ans. La directrice reconnaĂźt rapidement son talent, comme beaucoup de ses professeurs au cours de ses Ă©tudes au Marlborough College, sans que cela n'ait guĂšre d'influence sur sa carriĂšre scolaire. À Marlborough, l'enfant solitaire et introverti est confrontĂ© pour la premiĂšre fois Ă  des camarades plus ĂągĂ©s que lui et devient l'une de leurs tĂȘtes de turc. À 13 ans, il rejoint la Sherborne School. Son premier jour de classe ne passe pas inaperçu, la presse locale en rendant mĂȘme compte. Le jour de la rentrĂ©e est celui de la grĂšve gĂ©nĂ©rale de 1926, mais le jeune Turing, dĂ©cidĂ© envers et contre tout Ă  faire sa rentrĂ©e, parcourt pour ce faire seul Ă  bicyclette les 90 km qui sĂ©parent son domicile de son Ă©cole, s'arrĂȘtant mĂȘme pour la nuit dans un penchant de Turing pour les sciences ne lui apporte le respect ni de ses professeurs, ni des membres de l'administration de Sherborne, dont la dĂ©finition de la formation mettait plus en valeur les disciplines classiques littĂ©rature, arts, culture physique que les sciences. MalgrĂ© cela, Turing continue de faire des prouesses dans les matiĂšres qu'il aime, rĂ©solvant des problĂšmes trĂšs ardus pour son Ăąge. En 1928, il dĂ©couvre les travaux d'Albert Einstein et comprend, alors qu'il a Ă  peine 16 ans, qu'ils remettent en cause les axiomes d'Euclide et les lois de la mĂ©canique cĂ©leste de GalilĂ©e et Newton, Ă  partir d'un texte de vulgarisation oĂč ces consĂ©quences ne sont pas indiquĂ©es explicitement. À la Sherborne School, Turing se lie en 1927 d'une grande amitiĂ© avec son camarade Christopher Morcom, passionnĂ© de sciences et de mathĂ©matiques comme lui. Quand Morcom meurt en fĂ©vrier 1930 des complications de la tuberculose bovine contractĂ©e aprĂšs avoir bu du lait de vache infectĂ©, Turing, bien que matĂ©rialiste et athĂ©e, n'admet pas la disparition complĂšte d'un esprit aussi brillant. PersuadĂ© que l'esprit de Morcom continue Ă  exister, il dĂ©cide d'incarner le destin scientifique qu'aurait dĂ» avoir Morcom. Études supĂ©rieures et travaux sur la calculabilitĂ© À cause de son manque d'enthousiasme Ă  travailler autant dans les matiĂšres classiques que dans les matiĂšres scientifiques, Turing Ă©choue plusieurs fois Ă  ses examens. Il n'est admis qu'au King's College de l'universitĂ© de Cambridge, alors qu'il avait demandĂ© Trinity College en premier choix. Il Ă©tudie de 1931 Ă  1934 sous la direction de Godfrey Harold Hardy, mathĂ©maticien alors titulaire de la chaire sadleirienne puis responsable du centre de recherches et d'Ă©tudes en mathĂ©matiques. Il suit Ă©galement les cours d'Arthur Eddington et, la derniĂšre annĂ©e, de Max Newman qui l'initie Ă  la logique mathĂ©matique, notamment aux problĂšmes fondamentaux posĂ©s quelques annĂ©es plus tĂŽt par l'Allemand David Hilbert. En 1935, Turing est Ă©lufellow du King's College, l'Ă©quivalent d'une bourse de thĂšse, grĂące Ă  sa dĂ©monstration du thĂ©orĂšme central remarquable article de 1936, On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem », rĂ©pond Ă  un problĂšme posĂ© par Hilbert dans les thĂ©ories axiomatiques, le problĂšme de la dĂ©cision Entscheidungsproblem » est-il possible de trouver une mĂ©thode effectivement calculable » pour dĂ©cider si une proposition est dĂ©montrable ou non. Pour montrer que cela n'est pas possible, il faut caractĂ©riser ce qu'est un procĂ©dĂ© effectivement calculable. Turing le fait en imaginant, non une machine matĂ©rielle, mais un ĂȘtre calculant », qui peut ĂȘtre indiffĂ©remment un appareil logique trĂšs simple ou un humain bien disciplinĂ© appliquant des rĂšgles — comme le faisaient les employĂ©s des bureaux de calcul Ă  l'Ă©poque. Dans le cours de son raisonnement, il dĂ©montre que le problĂšme de l'arrĂȘt d’une machine de Turing ne peut ĂȘtre rĂ©solu par algorithme il n’est pas possible de dĂ©cider avec un algorithme c’est-Ă -dire avec une machine de Turing si une machine de Turing donnĂ©e s’arrĂȘtera. Bien que sa preuve ait Ă©tĂ© publiĂ©e aprĂšs celle d'Alonzo Church, le travail de Turing est plus accessible et intuitif. Il est aussi complĂštement nouveau dans sa prĂ©sentation du concept de machine universelle » de Turing, avec l'idĂ©e qu'une telle machine puisse accomplir les tĂąches de n'importe quelle autre machine. L'article prĂ©sente Ă©galement la notion de nombre rĂ©el calculable. Il dĂ©duit de l'indĂ©cidabilitĂ© du problĂšme de l'arrĂȘt que l'on peut dĂ©finir des nombres rĂ©els qui ne sont pas calculables. Il introduit les concepts de programme et de programmation. Turing passe la plus grande partie de 1937 et de 1938 Ă  travailler sur divers sujets Ă  l'universitĂ© de Princeton, sous la direction du logicien Alonzo Church qui a dĂ©jĂ  supervisĂ© le travail deStephen Cole Kleene sur la rĂ©cursivitĂ©. Il obtient en mai 1938 son de l'universitĂ© de Princeton ; son manuscrit prĂ©sente la notion d'hypercalcul, oĂč les machines de Turing sont complĂ©tĂ©es par ce qu'il appelle des oracles, autorisant ainsi l'Ă©tude de problĂšmes qui ne peuvent pas ĂȘtre rĂ©solus de maniĂšre algorithmique. L'appellation de machine de Turing » vient de Church, son directeur de thĂšse, qui l'emploie pour la premiĂšre fois dans un compte-rendu du travail de son Ă©lĂšve dans le Journal of Symbolic obtient des rĂ©sultats important sur le lambda-calcul, notamment en montrant son Ă©quivalence avec son propre modĂšle de calculabilitĂ©, en inventant le combinateur de point-fixe qui porte son nom et en proposant la premiĂšre dĂ©monstration de la normalisation du lambda calcul retour Ă  Cambridge en 1939, il assiste Ă  des cours publics de Ludwig Wittgenstein sur les fondements des mathĂ©matiques. Tous deux discutent avec vĂ©hĂ©mence et constatent leur dĂ©saccord, Turing dĂ©fendant le formalisme alors que Wittgenstein pense que les mathĂ©matiques sont surestimĂ©es et qu'elles ne permettent pas de dĂ©couvrir une quelconque vĂ©ritĂ© absolue. Cryptanalyse Fin 1938, aprĂšs les accords de Munich, la Grande-Bretagne comprend enfin que le nazisme est une menace, et commence Ă  se rĂ©armer. Turing fait partie des jeunes cerveaux appelĂ©s Ă  suivre des cours de chiffre et de cryptanalyse Ă  la Government Code and Cypher School GC&CS. Juste avant la dĂ©claration de guerre, il rejoint le centre secret de la GC&CS Ă  Bletchley Park. Il y est affectĂ© aux Ă©quipes chargĂ©es du dĂ©chiffrage de la machine Enigma utilisĂ©e par les forces armĂ©es allemandes. Ce travail profite initialement des percĂ©es effectuĂ©es par les services secrets polonais du Biuro SzyfrĂłw et du renseignement français au PC Bruno, que Turing visite en dĂ©cembre 1939 et d'oĂč il rapporte des copies des feuilles de Zygalski. Mais, en mai 1940, les Allemands perfectionnent leur systĂšme cryptographique. Turing participe aux recherches qui permettent de pĂ©nĂ©trer les rĂ©seaux de l'armĂ©e de terre et de l'aviation. Il conçoit des mĂ©thodes mathĂ©matiques et des versions amĂ©liorĂ©es de la Bombe » polonaise, machine Ă©lectromĂ©canique permettant d'essayer rapidement des ensembles de clĂ©s potentielles sur des blocs de communication d'Enigma. Une fois l'affaire lancĂ©e, Turing prend la tĂȘte de l'Ă©quipe chargĂ©e de trouver les clĂ©s bien plus hermĂ©tiques des rĂ©seaux de l'Enigma navale. Ces percĂ©es dĂ©cisives redonnent Ă  la Grande-Bretagne un avantage temporaire dans les batailles d'Angleterre, de Libye et de l' milieu des annĂ©es 1970, seuls quelques anciens cryptanalystes français et polonais avaient publiĂ© quelques informations sur la lutte contre Enigma dans leurs pays respectifs ; les capacitĂ©s de dĂ©cryptage de Bletchley Park et l'opĂ©ration Ultra restaient un secret militaire absolu en Grande-Bretagne. Puis les autoritĂ©s britanniques dĂ©classifiĂšrent progressivement les techniques de dĂ©cryptage d'Enigma jusqu'Ă  2000. Codage de la voix Turing part en 1943 pour les États-Unis, en mission de liaison avec les cryptanalystes amĂ©ricains. Il y dĂ©couvre les progrĂšs des technologies Ă©lectroniques et conçoit une machine Ă  coder la voix, ayant pour nom de code Delilah. Il contribue Ă  de nombreuses autres recherches mathĂ©matiques, comme celles que menait William Tutte qui aboutiront Ă  casser le code gĂ©nĂ©rĂ© par le tĂ©lĂ©scripteur de Fish construit par Lorenz et Siemens en partenariat. Cette nouvelle machine allemande, rĂ©servĂ©e au chiffrement des communications d'Ă©tats-majors, est trĂšs diffĂ©rente du systĂšme Enigma et rĂ©siste longtemps aux attaques des cryptanalyses alliĂ©s. Ceux-ci parviennent finalement Ă  percer les codes Fish, grĂące Ă  de nouvelles mĂ©thodes mathĂ©matiques et Ă  de nouvelles machines, Heath Robinson puis Colossus. Cette machine, le premier grand calculateur Ă©lectronique de l'histoire, fut conçue par Max Newman et construite au laboratoire de recherche des Postes de Dollis Hill par une Ă©quipe dirigĂ©e par Thomas Flowers en 1943. Contrairement Ă  une lĂ©gende, Turing n'a nullement participĂ© Ă  la conception de Colossus. Mais il l'a vu fonctionner, ce qui a certainement contribuĂ© Ă  orienter Turing vers la conception d'un ordinateur aprĂšs la guerre. À partir de septembre 1938, Turing travaille Ă  temps partiel pour la Government Code and Cypher School GC&CS. Avec le concours d'un expert en cassage de codes, Dilly Knox, il se concentre sur la cryptanalyse d'Enigma. Peu aprĂšs une rencontre Ă  Varsovie juillet 1939 oĂč le bureau polonais du chiffre explique aux Français et aux Britanniques le cĂąblage dĂ©taillĂ© des rotors d'Enigma et la mĂ©thode polonaise de dĂ©cryptage des messages associĂ©s, Turing et Knox se mettent au travail sur une approche moins spĂ©cifique du problĂšme. En effet, la mĂ©thode polonaise Ă©tait fondĂ©e sur le dĂ©cryptage de la clef rĂ©pĂ©tĂ©e au dĂ©but du message, mais cette rĂ©pĂ©tition Ă©tait susceptible d'ĂȘtre supprimĂ©e, car trop vulnĂ©rable, ce qui arriva en mai 1940. Tenus Ă  l'Ă©cart de Bletchley Park, les cryptanalystes polonais rĂ©fugiĂ©s en Grande-Bretagne seront affectĂ©s au dĂ©cryptage de codes mineurs, tandis que les services secrets français continueront Ă  transmettre clandestinement des informations aux gĂ©nĂ©rale, l'approche de Turing transforme la cryptanalyse, de technique Ă©laborĂ©e qu'elle Ă©tait depuis longtemps, en une branche des mathĂ©matiques. Il ne s'agit plus de deviner un rĂ©glage choisi parmi 159 milliards de milliards de rĂ©glages disponibles, mais de mettre en Ɠuvre une logique fondĂ©e sur la connaissance du fonctionnement interne de la machine Enigma et d'exploiter les imprudences des chiffreurs allemands, afin de dĂ©duire le rĂ©glage de toutes les machines Enigma d'un rĂ©seau particulier pour la journĂ©e disposition initiale des rotors parmi 80 dispositions initiales disponibles, rĂ©glage initial des rotors parmi 336 rĂ©glages initiaux disponibles, permutations des fiches du tableau de connexions parmi 17 500 enfichages disponibles, etc. C'est alors que Turing rĂ©dige la premiĂšre spĂ©cification fonctionnelle d'une nouvelle bombe, machine Ă©lectromĂ©canique capable d'abattre quotidiennement le travail de dix mille spĂ©cification de cette bombe est le premier des cinq progrĂšs majeurs dus Ă  Turing pendant la durĂ©e de la guerre. Les autres sont la procĂ©dure d'identification par dĂ©duction de la clef quotidienne des diffĂ©rents rĂ©seaux de la Kriegsmarine ; le dĂ©veloppement d'une procĂ©dure statistique d'amĂ©lioration de l'efficacitĂ© des bombes Banburismus en ; le dĂ©veloppement d'une procĂ©dure Turingerie » de dĂ©duction des rĂ©glages des roues de la machine Lorenz SZ 40/42 ; enfin, vers la fin de la guerre, le dĂ©veloppement d'un brouilleur de et Knox mĂšnent leurs travaux Ă  Bletchley Park, principal site de dĂ©cryptage du Royaume-Uni, le Government Code and Cypher School GC&CS. Durant le printemps 1941, Alan se rapproche de Joan Clarke, une des rares femmes cryptologue Ă  Bletchley Park. MalgrĂ© un amour platonique qui ne dĂ©passe jamais l'amitiĂ©, il se fiance avec elle car par devoir social, les parents de Clarke lui demandent de se marier. Turing rompt les fiançailles durant l'Ă©tĂ© aprĂšs lui avoir rĂ©vĂ©lĂ© son homosexualitĂ©. MalgrĂ© cela, leurs relations restent utilisant certaines techniques statistiques en vue d'optimiser l'essai des diffĂ©rentes possibilitĂ©s du processus de dĂ©cryptage, Turing apporte une contribution innovatrice. Deux documents qu'il rĂ©dige alors - Rapport sur les applications de la probabilitĂ© Ă  la cryptographie et Document sur la statistique des rĂ©pĂ©titions - ne seront dĂ©classĂ©s et remis aux National Archives du Royaume-Uni qu'en avril 2012. La bombe de Turing, Welchman et Pendered Quelques semaines Ă  peine aprĂšs son arrivĂ©e Ă  Bletchley Park, Turing rĂ©dige les spĂ©cifications d'une machine Ă©lectromĂ©canique plus efficace que la bomba polonaise. La capacitĂ© de labombe de Turing est doublĂ©e, grĂące Ă  un autre mathĂ©maticien de Cambridge, Gordon Welchman. Encore amĂ©liorĂ©e par un espoir de Cambridge, Richard Pendered, la bombe, une fois fabriquĂ©e par les ingĂ©nieurs de la British Tabulating Company, est l'outil fondamental le plus automatisĂ© de l'attaque des messages chiffrĂ©s par moyen d'un fragment probable de texte en clair, la bombe recherche les rĂ©glages corrects possibles utilisĂ©s pour 24 heures par chaque rĂ©seau allemand ordre des rotors, rĂ©glages des rotors et enfichage du tableau de connexions. Pour chaque rĂ©glage possible des rotors, la bombe effectue Ă©lectriquement une chaĂźne de dĂ©ductions logiques fondĂ©es sur les mots probables. À chaque occurrence d'une contradiction, la bombe Ă©carte ce rĂ©glage et passe au suivant. La plupart des rĂ©glages essayĂ©s provoquent des contradictions, ils sont alors rejetĂ©s et ceux qui restent, peu nombreux, sont alors examinĂ©s de prĂšs. Pendant presque toute la durĂ©e de la guerre, ce procĂ©dĂ© permet de dĂ©chiffrer une grande partie des messages Enigma de la Luftwaffe dont les chiffreurs multiplient les nĂ©gligences. Comme l'aviation coopĂšre Ă©troitement avec les deux autres armĂ©es mer et terre, la GC&CS obtient par ce biais des renseignements sur l'ensemble des activitĂ©s de la Wehrmacht. Cependant, l'interprĂ©tation des messages une fois dĂ©chiffrĂ©s pose souvent de tels problĂšmes Ă  l'Ă©tat-major qu'ils ne peuvent ĂȘtre qu'en partie exploitĂ©s. Ce sera le cas du plan d'invasion de la CrĂšte. La Hut 8 et l'Enigma navale AffectĂ© Ă  la Hut 8 bĂątiment prĂ©fabriquĂ© n 8, Turing dĂ©cide de traiter un problĂšme autrement difficile, la cryptanalyse d'Enigma navale Parce que personne d'autre ne s'en occupait et que je pouvais l'avoir pour moi tout seul ». La mĂȘme nuit, il conçoit le Banburismus en, technique statistique appelĂ©e plus tard analyse sĂ©quentielle par Abraham Wald, dans l'espoir de percer l'Enigma navale Pourtant je n'Ă©tais pas sĂ»r que cela marcherait en pratique ». Dans cette idĂ©e, il invente une mesure de poids de la preuve qu'il baptise le Ban. Les Banburismes peuvent Ă©carter certaines sĂ©quences des rotors Enigma, c'est un gain de temps important. Cependant, les chiffreurs de la Kriegsmarine, en particulier les sous-mariniers, appliquent sans faille toutes les consignes de sĂ©curitĂ©. Les messages de l'Enigma navale ne sont dĂ©cryptĂ©s que pendant les pĂ©riodes couvertes par les manuels ou grĂące aux feuilles de bigrammes capturĂ©s par les novembre 1942, Turing se rend aux États-Unis oĂč, avec des cryptanalystes de l' Navy, il travaille sur l'Enigma navale et Ă  la conception de bombes ». À Dayton Ohio, il visite l'United States Naval Computing Machine Laboratory. Les bombes » Ă  l'amĂ©ricaine n'Ă©veillent pas son enthousiasme. Pourtant, c'est l'extraordinaire puissance de la combinaison des centaines de bombes » construites grĂące aux moyens de l'industrie amĂ©ricaine qui, finalement, permet de percer Ă  nouveau les secrets d'Enigma, spĂ©cialement ceux de la Kriegsmarine et des U-Boot. À partir de la fin 1943, les sous-marins allemands auront Ă©tĂ© pour l'essentiel soit dĂ©truits, soit chassĂ©s de l'Atlantique-Nord par la puissance des marines de guerre alliĂ©es, combinant les renseignements d'origine Ultra, les reconnaissances aĂ©ronavales, la dĂ©tection par radar, Asdic et radiogoniomĂ©trie, et bien entendu les armes et l'endurance des mars 1943, Turing revient Ă  Bletchley Park. En son absence, son adjoint Hugh Alexander avait officiellement pris la fonction de directeur de la Hut 8, qu'il avait de fait toujours exercĂ©e, Turing n'ayant pas d'intĂ©rĂȘt pour la direction. Turing devient consultant en cryptanalyse au profit de l'ensemble de la GC&CS. À propos du rĂŽle de Turing, Alexander dit Il n'est pas permis de douter que les travaux de Turing furent le facteur le plus important du succĂšs de la Hut 8. Au dĂ©part, il fut le seul cryptographe Ă  penser que le problĂšme valait d'ĂȘtre abordĂ© et non seulement lui revient le mĂ©rite de l'essentiel du travail thĂ©orique de la Hut 8, mais encore il partage avec Gordon Welchman et Harold Keen le mĂ©rite de l'invention de la bombe Ă©lectromĂ©canique. Il est toujours difficile de dire que tel ou tel est absolument indispensable, mais si quelqu'un fut indispensable Ă  la Hut 8, ce fut Turing. Le travail de pionnier tend toujours Ă  ĂȘtre oubliĂ© quand par la suite tout paraĂźt plus facile, sous l'effet de l'expĂ©rience et de la routine. » Travail sur les premiers ordinateurs En 1945, pendant son sĂ©jour Ă  Ebermannstadt, les deux bombes atomiques amĂ©ricaines sont lĂąchĂ©es sur le Japon et il n’en est pas surpris il connaissait, depuis son voyage secret aux États-Unis de 1942-1943, l'existence du projet Ă  Los Alamos dans des proportions non encore 1945 Ă  1947, il travaille au National Physical Laboratory, situĂ© Ă  Teddington au Royaume-Uni. Fin 1945, aprĂšs avoir lu le rapport Von Neumann qui dĂ©crit la structure gĂ©nĂ©rale d'un ordinateur et discute des mĂ©thodes de programmation, Turing rĂ©dige ce qui est sans doute le premier projet dĂ©taillĂ© d'un ordinateur l’ACE Automatic Computing Engine. Toutefois, il ne parvient pas Ă  s'entendre avec les ingĂ©nieurs Ă©lectroniciens du NPL chargĂ©s de construire cette machine, qui soulĂšvent des objections techniques et prĂ©fĂšrent commencer par un prototype plus modeste. Le projet rencontre d'ailleurs des obstacles administratifs et budgĂ©taires. Turing, trop individualiste pour ĂȘtre un organisateur ou un grand nĂ©gociateur, prĂ©fĂšre partir en 1947 suivre des cours de biologie Ă  Cambridge. À la rentrĂ©e 1948 il est appelĂ© par Max Newman, son ancien professeur de logique Ă  Cambridge et collĂšgue Ă  Bletchley Park, Ă  l'universitĂ© de Manchester oĂč Max Newman, inspirĂ© lui aussi par le rapport Von Neumann, dirige le dĂ©veloppement de l'un des tout premiers vĂ©ritables ordinateurs Manchester Mark I, industrialisĂ© ensuite par la firme Ferranti. Turing devient directeur adjoint du laboratoire de calcul de l'universitĂ© de Manchester titre sans grande signification, et travaille Ă  la programmation de l' de la confĂ©rence marquant l'inauguration de l'ordinateur EDSAC, Ă  Cambridge, il prĂ©sente une mĂ©thode de preuve de correction de programmes fondĂ©e sur des assertions qui prĂ©figure la mĂ©thode connue sous le nom de mĂ©thode de Floyd-Hoare ». Sportif accompli, en 1948, Turing termine 4 au marathon de l'Association des athlĂštes amateurs AAA Marathon, dont les meilleurs coureurs sont gĂ©nĂ©ralement qualifiĂ©s pour les Jeux olympiques en 2 heures 46 minutes et 3 secondes, un trĂšs bon temps. BlessĂ© Ă  une jambe, Turing cessera de courir sĂ©rieusement Ă  partir de 1950. Vers l'intelligence artificielle le test de Turing Turing continue parallĂšlement ses rĂ©flexions fondamentales rĂ©unissant la science et la philosophie. Dans l'article Computing Machinery and Intelligence Mind, octobre 1950, Turing explore le problĂšme de l'intelligence artificielle et propose une expĂ©rience maintenant connue sous le nom de test de Turing, oĂč il tente de dĂ©finir une Ă©preuve permettant de qualifier une machine de consciente » ; Turing fait le pari que d'ici cinquante ans, il n'y aura plus moyen de distinguer les rĂ©ponses donnĂ©es par un homme ou un ordinateur, et ce sur n'importe quel sujet. »En mai 1952, Turing Ă©crit un programme de jeu d'Ă©checs. Ne disposant pas d'un ordinateur assez puissant pour l'exĂ©cuter, il simule les calculs de la machine, mettant environ une demi-heure pour effectuer chaque coup. Une partie est enregistrĂ©e, oĂč le programme perd contre un collĂšgue de Turing. Le programme de Joe Weizenbaum, ELIZA, Ă©crit en 1966 et qui ne prend pas plus de trois pages de langage SNOBOL, sera le premier Ă  donner l'illusion pendant quelques minutes de satisfaire au test de Turing. MorphogenĂšse En 1952, Turing s'est intĂ©ressĂ© Ă  une autre branche des mathĂ©matiques l'analyse, et, Ă  partir de l'Ă©quation de rĂ©action-diffusion, a Ă©laborĂ© un modĂšle biomathĂ©matique de lamorphogenĂšse, tant chez l'animal que chez le vĂ©gĂ©tal. Il fait paraĂźtre un article, The chemical basis of morphogenesis » Philosophical Transactions of the Royal Society of London, aoĂ»t 1952, oĂč il propose trois modĂšles de formes Turing patterns. Dans les annĂ©es 1990, des expĂ©riences de chimie viendront confirmer expĂ©rimentalement les modĂšles thĂ©oriques de Turing. Condamnation De Cambridge Ă  Bletchley Park, Turing ne faisait aucun mystĂšre de son orientation sexuelle ; ouvertement homosexuel, il ne cachait pas ses aventures. Il Ă©tait d'ailleurs loin d'ĂȘtre le seul. En 1952, sa maison de Manchester est cambriolĂ©e. Turing porte plainte. ArrĂȘtĂ©, le cambrioleur dĂ©nonce le complice qui lui avait indiquĂ© l'affaire, un ex-amant occasionnel de Turing. Celui-ci ne nie pas cette ancienne relation. Tous deux sont inculpĂ©s d' indĂ©cence manifeste et de perversion sexuelle » d'aprĂšs la Criminal Law Amendment Act 1885. Quelques annĂ©es plus tĂŽt, ce n'aurait Ă©tĂ© qu'un fait divers. Mais, au dĂ©but des annĂ©es 1950, une affaire retentissante d'espionnage scientifique au profit de l'Union soviĂ©tique oĂč sont impliquĂ©s des intellectuels anglais homosexuels surnommĂ©s les Cinq de Cambridge a rendu les services de contre-espionnage britanniques et amĂ©ricains sensibles Ă  un profil » comme celui de procĂšs est mĂ©diatisĂ©. Hugh Alexander fait de son confrĂšre un brillant portrait, mais il est empĂȘchĂ© de citer ses titres de guerre par le Secret Act. Turing est mis en demeure de choisir incarcĂ©ration ou castration chimique rĂ©duisant sa libido. Il choisit le traitement, d'une durĂ©e d'un an, avec des effets secondaires temporaires le coureur Ă  pied svelte qu'il Ă©tait devient gros, impuissant, ses seins grossissent comme ceux d'une femme, et surtout des effets psychiques profondĂ©ment dĂ©moralisants. Alors qu'il a Ă©tĂ© consacrĂ©, en 1951, en devenant membre de la Royal Society, Ă  partir de 1952 il est Ă©cartĂ© des plus grands projets scientifiques. Toutefois, en avril 1953, la cure » se termine, ses effets s'estompent et Turing recommence Ă  faire des projets de recherche, de voyages en France et en MĂ©diterranĂ©e. Mort Le 8 juin 1954, Turing est retrouvĂ© mort dans son lit, avec une pomme croquĂ©e sur sa table de nuit. L'autopsie conclut Ă  un suicide par empoisonnement au cyanure, mĂȘme si sa mĂšre tenta d'Ă©carter cette thĂšse. Le moyen d'ingestion du poison aurait Ă©tĂ© cette pomme qu'il aurait partiellement mangĂ©e une lĂ©gende tenace et dĂ©mentie y voit l'origine du logo de la firmeApple, et qui aurait Ă©tĂ© prĂ©alablement imbibĂ©e de cyanure ; il n'existe pas de certitude Ă  cet Ă©gard, la pomme n'ayant pas Ă©tĂ© analysĂ©e. Le biographe de Turing, Andrew Hodges, a Ă©mis l'hypothĂšse que Turing aurait choisi ce mode d'ingestion prĂ©cisĂ©ment afin de laisser Ă  sa mĂšre la possibilitĂ© de croire Ă  un accident, sachant que les pĂ©pins de pomme contiennent naturellement du cyanure mais en quantitĂ© trop faible cependant pour avoir un effet toxique. Nombreux sont ceux qui ont soulignĂ© le lien entre sa mĂ©thode de suicide prĂ©sumĂ©e et le filmBlanche-Neige et les Sept Nains, dont il avait particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© la scĂšne oĂč la sorciĂšre empoisonne la pomme, au point de chantonner rĂ©guliĂšrement les vers prononcĂ©s par celle-ci Plongeons la pomme dans le chaudron, pour qu'elle s'imprĂšgne de poison ». Toutefois, Jack Copeland, spĂ©cialiste de Turing, estime que la mort de celui-ci est accidentelle. Il avance les arguments suivants Turing ne montrait aucun signe de dĂ©pression et, peu avant sa mort, avait notĂ© des projets par Ă©crit ; il avait l'habitude de faire des expĂ©riences chimiques et dĂ©tenait du cyanure Ă  cette fin ; il lui arrivait d'ĂȘtre imprudent dans ces expĂ©riences, goĂ»tant par exemple des produits pour les identifier. Il aurait pu Ă©galement inhaler accidentellement une dissolution cyanurĂ©e qu'il utilisait pour faire fondre de l'or ; c'est de cette façon que, pour Copeland, il aurait ingĂ©rĂ© une dose mortelle de cyanure. PostĂ©ritĂ©La premiĂšre biographie qui lui est consacrĂ©e, Alan Turing the enigma d'Andrew Hodges, n'apparaĂźt qu'en 1983. Sa rĂ©habilitation ne commence que dans les annĂ©es 2000 qui le voient honorĂ© de plaques commĂ©moratives, statues, timbres Ă  son effigie. RĂ©habilitationEn 2009, une pĂ©tition, Ă©mise Ă  l'initiative de l'informaticien John Graham-Cumming, est envoyĂ©e au Premier ministre Gordon Brown Nous soussignĂ©s demandons au Premier ministre de s'excuser pour les poursuites engagĂ©es contre Alan Turing qui ont abouti Ă  sa mort prĂ©maturĂ©e ». En septembre 2009, celui-ci a prĂ©sentĂ© des regrets au nom du gouvernement britannique. Cependant, le ministre de la justice Tom McNally en exprime en fĂ©vrier 2012 son refus de revenir sur la condamnation. Celle-ci, bien que paraissant aujourd'hui cruelle et absurde », a Ă©tĂ© rendue en fonction des lois de son temps. Une grĂące posthume n'a pas Ă©tĂ© jugĂ©e appropriĂ©e car Alan Turing a Ă©tĂ© justement reconnu coupable de ce qui Ă©tait, Ă  l'Ă©poque, une infraction pĂ©nale ». En dĂ©cembre 2012, un groupe de onze scientifiques britanniques, dont le physicien Stephen Hawking, appelle le gouvernement britannique Ă  annuler sa condamnation, Ă  titre posthume. Le 24 dĂ©cembre 2013, la reine Élisabeth II le gracie en signant un acte royal de clĂ©mence, sur proposition du secrĂ©taire d'État Ă  la Justice Chris Grayling qui dĂ©clare que c'Ă©tait une condamnation que nous considĂ©rerions aujourd'hui comme injuste et discriminatoire ». C'est la 4e fois depuis 1945 que la prĂ©rogative royale de pardon s'exerce. HommagesDepuis 1966, le prix Turing Turing Award en anglais est annuellement dĂ©cernĂ© par l’Association for Computing Machinery Ă  des personnes ayant apportĂ© une contribution scientifique significative au domaine de la recherche informatique. Cette rĂ©compense est souvent considĂ©rĂ©e comme l'Ă©quivalent du prix Nobel d'informatique. En fĂ©vrier 2011, au terme d'une vente aux enchĂšres, des documents rĂ©digĂ©s par Turing durant la Seconde Guerre mondiale sont acquis par le musĂ©e de Bletchley Park avec l'aide duNational Heritage Memorial Fund afin d'Ă©viter leur dĂ©part Ă  l'Ă©tranger. En 2012, diverses manifestations ont Ă©tĂ© organisĂ©es pour le centenaire de la naissance d'Alan Turing. Texte sous licence CC BY-SA Contributeurs, ici. Voir toutes les newsletters Pour les professionnels De jeunes soldats amĂ©ricains sur une plage de Normandie,le 6 juin 1944. OPÉRATION OVERLORD On croit tout savoir de l’opĂ©ration Overlord, l’une des batailles les plus cĂ©lĂšbres de l’histoire. Chacun se souvient de ces jeunes soldats jetĂ©s sur les plages de Normandie par une matinĂ©e grise et venteuse sous le feu meurtrier des bunkers allemands. Chacun vĂ©nĂšre leur hĂ©roĂŻsme et leur sacrifice, longuement cĂ©lĂ©brĂ©s par le cinĂ©ma. Pourtant, soixante-dix ans aprĂšs, cette croisade de la libertĂ© recĂšle encore des mystĂšres, des zones d’ombre, des Ă©pisodes ignorĂ©s, mal connus ou volontairement occultĂ©s. Contrairement Ă  ce qu’on pense souvent et malgrĂ© l’énormitĂ© des moyens dĂ©ployĂ©s – navires, avions, quelque hommes -, l’assaut du 6 juin 1944 fut Ă  deux doigts d’échouer. Dans les semaines qui suivirent le jour J, la bataille de Normandie fut l’une des plus dures de la guerre, et les AlliĂ©s rencontrĂšrent des difficultĂ©s qu’ils avaient largement sous-estimĂ©es. C’est le hasard de la mĂ©tĂ©orologie qui a le mieux servi les assaillants le 6 juin. C’est l’initiative de quelques hommes qui a sauvĂ© la situation au moment crucial. C’est l’opĂ©ration de dĂ©sinformation la plus importante du siĂšcle, menĂ©e par un groupe d’espions baroques, qui a permis la victoire finale. Le 6 juin 1944,c’est le Jour Jle dĂ©barquement en Normandie. Nourrie par les commĂ©morations officielles, la lĂ©gende a transfigurĂ© la rĂ©alitĂ© du combat pour en donner une image Ă  la fois hĂ©roĂŻque et Ă©dulcorĂ©e. En fait, les dĂ©faillances furent frĂ©quentes, la violence mise en Ɠuvre effrayante, et les exactions commises envers les civils nombreuses, Ă  commencer par des bombardements massifs Ă  l’utilitĂ© contestĂ©e. En s’appuyant sur le travail des meilleurs historiens, notamment Olivier Wieviorka et Antony Beevor D-Day et la bataille de Normandie », Calmann-LĂ©vy, qui ont brisĂ© les tabous et mis au jour les rĂ©alitĂ©s cachĂ©es, l’Obs » vous livre les derniers secrets du jour le plus long. 1. La bataille des glaces L’opĂ©ration Overlord a peut-ĂȘtre commencĂ© trois annĂ©es avant le 6 juin, dans les solitudes gelĂ©es du Spitzberg, de l’Islande et du Groenland. Dans ces contrĂ©es de neige et de froid, des commandos britanniques et amĂ©ricains ont Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s discrĂštement pour une guerre dans la guerre celle de la mĂ©tĂ©o. Il s’agissait de prendre d’assaut les stations d’observation Ă©tablies par les Allemands Ă  partir de 1940 dans l’Atlantique Nord, ce que ces soldats venus dans le froid rĂ©ussirent sans coup fĂ©rir. L’enjeu semblait mineur. Il Ă©tait dĂ©cisif. GrĂące Ă  ce rĂ©seau de stations conquis par les armes, loin Ă  l’ouest de l’Europe, les AlliĂ©s disposĂšrent en 1944 d’informations interdites aux mĂ©tĂ©orologistes allemands. C’est ainsi que James Martin Stagg, conseiller de l’état-major alliĂ©, put fournir Ă  Dwight Eisenhower, commandant suprĂȘme du corps expĂ©ditionnaire, des prĂ©visions exclusives qui lui donnĂšrent un avantage stratĂ©gique. Le 4 juin, Stagg fut l’oiseau de mauvais augure. Une tempĂȘte se prĂ©parait dans l’Atlantique, qui rendrait dangereuse la navigation des pĂ©niches de dĂ©barquement, disperserait les parachutistes et provoquerait le naufrage des chars amphibies prĂ©vus pour l’assaut. La mort dans l’ñme, Eisenhower dut reporter l’opĂ©ration Overlord, alors mĂȘme que plus de 150 000 soldats s’étaient mis en route pour le combat suprĂȘme. Ce contretemps fut une bĂ©nĂ©diction pour les AlliĂ©s. PrivĂ©s des prĂ©cieuses stations, les Allemands ne virent pas que la tempĂȘte se calmerait pour trente-six heures Ă  partir du 6 juin. Pour eux, le mauvais temps continuerait, empĂȘchant tout dĂ©barquement pour les quatre ou cinq jours Ă  venir. Commandant en chef des troupes de Normandie, Rommel dĂ©cida de partir pour l’Allemagne, oĂč il voulait fĂȘter l’anniversaire de sa femme. A Rennes, l’état-major convoqua les principaux officiers de la rĂ©gion pour un exercice de simulation. Au jour J, le commandement allemand Ă©tait absent. Au mĂȘme moment, Stagg, fort des bulletins envoyĂ©s des stations nordiques, pouvait annoncer Ă  Eisenhower que le vent s’apaiserait pour un jour et demi le long des cĂŽtes normandes, avant de souffler de nouveau en tempĂȘte. Cette pause dans la dĂ©pression venue de l’Atlantique rendait possible l’opĂ©ration prĂ©vue. Eisenhower Ă©couta Stagg, le regarda droit dans les yeux, garda le silence trente secondes, puis, devant son Ă©tat-major interdit, laissa tomber son verdict Let’s go. » 2. Le hĂ©ros inconnu Il fut un des hommes clĂ©s de l’opĂ©ration. Pourtant, parce qu’il Ă©tait homosexuel, il fallut attendre plus de soixante ans pour qu’on lui rende justice. Alan Turing Ă©tait sans doute le mathĂ©maticien le plus douĂ© de sa gĂ©nĂ©ration. Chercheur Ă  Cambridge, c’était un jeune homme excentrique qui Ă©tait saisi par des obsessions infantiles. Il avait par exemple vu quarante fois Blanche-Neige et les sept nains », dont il connaissait chaque plan et chaque rĂ©plique par coeur. En dĂ©pit de ses nĂ©vroses, il s’était rendu cĂ©lĂšbre dans les cercles acadĂ©miques en imaginant le principe d’une machine universelle, qu’on appellerait bien plus tard un ordinateur. Quand la guerre commença, Turing fut engagĂ© dans une Ă©quipe bizarre, composĂ©e de mathĂ©maticiens, de germanisants, de linguistes, de spĂ©cialistes des codes et d’amateurs de mots croisĂ©s. RĂ©unie dans des huttes en tĂŽle Ă©levĂ©es dans le parc du manoir de Bletchley non loin de Londres, elle avait pour but de dĂ©crypter les communications secrĂštes de la Wehrmacht. Ces messages radio Ă©taient cryptĂ©s par un appareil compliquĂ© appelĂ© Enigma, une sorte de machine Ă  Ă©crire Ă  laquelle on avait ajoutĂ© trois rouleaux de mĂ©tal qui tournaient dĂšs qu’on tapait une lettre. Ces trois rotors garantissaient le secret grĂące Ă  la rotation automatique, les lettres n’étaient jamais codĂ©es de la mĂȘme maniĂšre, ce qui rendait les messages indĂ©chiffrables par les crypto-analystes. La machine allemande Enigma cryptait les messages radio. Son code a Ă©tĂ© dĂ©couvert par Alan Turing. DR La machine recelait une faille, et c’est lĂ  qu’Alan Turing entra en jeu. Les services secrets britanniques avaient rĂ©ussi Ă  se procurer un exemplaire d’Enigma, ainsi que plusieurs manuels de codage saisis dans des bateaux ou sur des sous-marins coulĂ©s par la Navy. Les crypto-analystes dĂ©tectĂšrent quelques rĂ©gularitĂ©s dans le codage des messages et comprirent qu’en mettant en oeuvre le principe de Turing, et donc en construisant grĂące Ă  lui l’un des premiers ordinateurs de l’histoire, capable de tester des milliers de combinaisons en quelques minutes, on pouvait dĂ©chiffrer en temps rĂ©el des messages qu’on aurait normalement mis des semaines Ă  comprendre. DĂšs 1940, les Ă©quipes de Bletchley Park furent en mesure de transmettre chaque jour Ă  Churchill le texte en clair des communications allemandes les plus confidentielles. Turing et ses crypto-analystes apportĂšrent une aide dĂ©cisive Ă  la victoire dans plusieurs batailles, notamment celle d’ElAlamein et celle de l’Atlantique. Ils firent arrĂȘter tous les espions envoyĂ©s en Grande-Bretagne par les nazis. Pendant la prĂ©paration d’Overlord, ils surveillĂšrent jour aprĂšs jour les efForts de dĂ©fense dĂ©ployĂ©s par la Wehrmacht. GrĂące Ă  eux, enfIn, les Britanniques purent vĂ©rifIer la bonne marche de l’opĂ©ration Fortitude, destinĂ©e Ă  tromper Hitler sur le lieu et la date du DĂ©barquement. Turing avait donnĂ© Ă  Churchill l’un de ses atouts maĂźtres. Son aventure se termina en tragĂ©die. Turing Ă©tait homosexuel dans une Grande-Bretagne oĂč les relations intimes entre personnes du mĂȘme sexe Ă©taient rĂ©primĂ©es par la loi. La paix revenue, sa maison fut un jour cambriolĂ©e, et la police vint enquĂȘter chez lui. Elle constata qu’il avait des relations avec un homme. Il fut arrĂȘtĂ©, jugĂ© et condamnĂ© Ă  subir un traitement mĂ©dical Ă  base d’ƓstrogĂšnes. Cette mĂ©dication forcĂ©e aggrava ses nĂ©vroses. MartyrisĂ© par le pays qu’il avait contribuĂ© Ă  sauver, il devint dĂ©pressif. Un jour, il prit une pomme et, comme l’avait fait la sorciĂšre de Blanche-Neige, l’enduisit de poison. Puis il la croqua. Sa mort passa inaperçue. Il fallut attendre soixante ans pour que la reine consente Ă  le gracier Ă  titre posthume et que le gouvernement britannique, par la voix du Premier ministre Gordon Brown, reconnaisse sa dette envers lui. Aujourd’hui, le prix le plus prestigieux en science de l’informatique s’appelle le prix Turing. 3. Le mystĂšre du Daily Telegraph » Au mois de mai 1944, les services de sĂ©curitĂ© britanniques furent pris de panique. Ils venaient de constater que les mots croisĂ©s du quotidien conservateur The Daily Telegraph » avaient donnĂ© depuis quelques jours, comme solution Ă  des dĂ©finitions, les mots de Omaha », Overlord », Neptune » ou Sword ». Autrement dit, les noms de code attribuĂ©s aux plages normandes ou bien aux opĂ©rations destinĂ©es Ă  Ă©tablir une tĂȘte de pont en France, toutes choses Ă©videmment ultra secrĂštes. Le nom de code ultrasecret Overlord » apparaĂźt avant l’opĂ©ration dans les mots croisĂ©s du Daily Telegraph ». L’auteur des mots croisĂ©s, un professeur respectable et connu du public, fut interrogĂ©. Il plaida la coĂŻncidence. Depuis la guerre, des amateurs de statistiques ont calculĂ© que la probabilitĂ© de voir apparaĂźtre dans ces grilles les quatre ou cinq mots en question par le seul jeu du hasard Ă©tait infĂ©rieure Ă  une chance sur plusieurs millions. Aujourd’hui encore le mystĂšre reste entier. On suppose que l’auteur des grilles s’était adressĂ© Ă  ses Ă©tudiants pour trouver des mots et des dĂ©finitions nouvelles. Ces Ă©tudiants frĂ©quentaient des militaires stationnĂ©s en Grande-Bretagne ils auraient entendu les noms de code au cours de conversations sans savoir ce qu’ils dĂ©signaient. Mais c’est une hypothĂšse
 4 . Les comanches attaquent Ă  l’aube Comment se parler par radio quand les Allemands sont Ă  l’écoute ? Pour assurer la sĂ©curitĂ© des communications, il fallait surmonter un dilemme. Si les opĂ©rateurs radio intĂ©grĂ©s aux troupes d’assaut se parlaient en clair, pour orienter l’attaque ou guider l’aviation, par exemple, il suffisait Ă  un Allemand parlant anglais de se mettre sur la mĂȘme longueur d’onde. Mais s’ils se parlaient en code, les communications s’en trouvaient fortement ralenties il fallait Ă  chaque fois crypter et dĂ©crypter les messages. A ce problĂšme classique dans les armĂ©es, les AmĂ©ricains ont trouvĂ© une solution originale. Sur Utah Beach, treize Indiens comanches enrĂŽlĂ©s dans l’US Army et formĂ©s Ă  la radio figurĂšrent parmi les premiers attaquants. C’est l’un d’entre eux qui envoya le premier message, en langue comanche, Ă  son correspondant en mer, qui le traduisit immĂ©diatement pour le commandement Le DĂ©barquement a rĂ©ussi mais nous sommes au mauvais endroit. » SĂ©curitĂ© totale l’armĂ©e amĂ©ricaine s’était assurĂ©e au prĂ©alable que personne en dehors des Etats-Unis ne comprenait la langue comanche. Comme certains termes techniques n’existaient pas dans cette langue, il fallut recourir Ă  des mĂ©taphores. Char d’assaut » fut traduit par tortue de fer ». Pour le mot Hitler », les Comanches avaient trouvĂ© une locution expressive le Blanc fou ». 5. Le dĂ©barquement va Ă©chouer ! Le 5 juin dans l’aprĂšs-midi, Dwight Eisenhower Ă©crit ces lignes Les forces que nous avons dĂ©barquĂ©es en Normandie n’ont pas rĂ©ussi Ă  Ă©tablir une tĂȘte de pont suffisante. J’ai donnĂ© l’ordre de les retirer. [ 
] Si des erreurs ou des fautes ont Ă©tĂ© commises, j’en porte seul la responsabilitĂ©. » Le commandant en chef du corps expĂ©ditionnaire alliĂ© n’eut pas Ă  publier cette lettre, Ă©crite en prĂ©vision d’un Ă©ventuel Ă©chec. Mais il avait bien mesurĂ© les risques que comportait l’opĂ©ration Overlord. Un film comme le Jour le plus long » donne l’image d’un assaut irrĂ©sistible, appuyĂ© sur une machine de guerre amĂ©ricaine invincible. En fait, tout fut infiniment plus dur. Des soldats dans une barge des garde-cĂŽte amĂ©ricains, Ă  l’approche des plages de Normandie, le 6 juin 1944. Anonymous/AP/Sipa Le mur de l’Atlantique opposait des obstacles redoutables Ă  l’invasion. Il fallait dĂ©barquer en une journĂ©e quelque 150 000 hommes et leur matĂ©riel, sous le feu des mortiers, des canons et des mitrailleuses. Pour y parvenir, il fallait rĂ©duire au silence, par des bombardements puis par un assaut de vive force, les batteries et les dĂ©fenseurs des plages. Il fallait en mĂȘme temps, par un lĂąchage massif de parachutistes, sĂ©curiser les abords d’une zone immense, situĂ©e entre l’Orne et le Cotentin, pour prĂ©venir l’inĂ©vitable contre-offensive des blindĂ©s allemands. Sur quatre des cinq plages choisies, Utah, Gold, Juno et Sword, l’attaque fut une rĂ©ussite. Mais sur la cinquiĂšme, Omaha, dans le secteur amĂ©ricain, les AlliĂ©s frĂŽlĂšrent la catastrophe. Ce fut le rĂ©sultat d’une succession d’erreurs. L’aviation manqua son but, et les bombes lancĂ©es contre les bunkers allemands tombĂšrent dans la campagne. Le bombardement naval rata sa cible, et les obus de marine se perdirent Ă  l’intĂ©rieur des terres. Les chars amphibies nĂ©cessaires Ă  la destruction des dĂ©fenses allemandes furent mis Ă  l’eau trop tĂŽt, dans une mer encore secouĂ©e par la tempĂȘte de la veille. La plupart coulĂšrent sur le trajet. Si bien que les premiĂšres vagues d’assaut, dĂ©barquĂ©es vers 6h30 du matin, durent affronter avec des armes lĂ©gĂšres des lignes de dĂ©fense pratiquement intactes. Le rĂ©sultat fut un massacre effrayant, bien reconstituĂ© par Steven Spielberg dans Il faut sauver le soldat Ryan ». Les rares survivants se retrouvĂšrent clouĂ©s au sol pendant des heures, terrorisĂ©s et paralysĂ©s, au milieu des cadavres et des hurlements des blessĂ©s, Ă  court de munitions et privĂ©s de commandement, Ă  quelques mĂštres d’une eau rouge de sang. A midi, le gĂ©nĂ©ral Bradley qui commandait le secteur amĂ©ricain, faillit donner l’ordre de rembarquement. Les survivants d’Omaha durent leur salut Ă  quelques individus d’exception, comme le gĂ©nĂ©ral Norman Cota, qui les rassembla sous le feu et les convainquit par l’exemple d’avancer vers l’ennemi. A force d’hĂ©roĂŻsme individuel, la plage fut conquise dans l’aprĂšs-midi. Mais ce fut au prix de 1 500 morts et 2 000 blessĂ©s chez les assaillants. Sans Cota et les autres, les Allemands auraient pu revenir en force sur le rivage et couper en deux le corps expĂ©ditionnaire, compromettant toute l’opĂ©ration
 6. Stalingrad dans le bocage La bataille de Normandie, qui suivit l’assaut des plages, fut bien plus cruelle que prĂ©vu. Les AlliĂ©s Ă©chouĂšrent Ă  prendre Caen et son aĂ©roport le premier jour. Il fallut attendre un mois pour s’emparer de la ville aprĂšs deux opĂ©rations sanglantes, et ratĂ©es pour l’essentiel, Goodwood et Epsom. Plus Ă  l’ouest, la difficultĂ© de la guerre dans le bocage avait Ă©tĂ© sous-estimĂ©e. Les Allemands possĂ©daient des armes plus perfectionnĂ©es que celles des AlliĂ©s, notamment les canons de 88 millimĂštres et les chars Tigre, plus puissants que les Sherman amĂ©ricains. Ils se battaient avec acharnement, protĂ©gĂ©s par des haies innombrables et Ă©paisses, embusquĂ©s dans les clochers et les fermes face Ă  une infanterie qui devait avancer Ă  dĂ©couvert. On a calculĂ© que la concentration des divisions blindĂ©es et les pertes en hommes furent comparables Ă  celles qu’on rencontrait sur le front de l’Est. C’est seulement au mois d’aoĂ»t, grĂące Ă  leur supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne Ă©crasante et Ă  l’arrivĂ©e de renforts massifs que les divisions amĂ©ricaines du gĂ©nĂ©ral Patton purent percer le front vers l’ouest et dĂ©border les dĂ©fenses allemandes. 7. La Wehrmacht contre Hitler C’est l’un des aspects souvent mĂ©connus de la bataille de Normandie pendant qu’ils se battaient contre les AlliĂ©s, de nombreux officiers allemands complotaient aussi contre Hitler. Hans Speidel, par exemple, chef d’état-major de Rommel, Ă©tait l’un des principaux conjurĂ©s. Ces gĂ©nĂ©raux et colonels avaient des itinĂ©raires variĂ©s. Certains, plutĂŽt rares, Ă©taient opposants au nazisme depuis toujours ; d’autres, plus nombreux, n’avaient jamais Ă©tĂ© gĂȘnĂ©s par la nature du rĂ©gime, jusqu’au moment oĂč la Wehrmacht subit de graves revers en Russie. AprĂšs Stalingrad, une partie du commandement estima que Hitler menait l’Allemagne Ă  la catastrophe et qu’il fallait s’en dĂ©barrasser. EffrayĂ©s Ă  l’idĂ©e de voir l’ArmĂ©e rouge occuper leur pays, ils voulaient renverser le rĂ©gime et conclure une paix sĂ©parĂ©e avec les AlliĂ©s. Ils comptaient se tourner ensuite contre les armĂ©es de Staline avec l’approbation sinon la participation des Anglo-Saxons. La conspiration atteignit son paroxysme le 20 juillet 1944, quand le colonel Claus von Staufenberg, conviĂ© Ă  une rĂ©union d’état-major, rĂ©ussit Ă  poser une bombe dissimulĂ©e dans une serviette de cuir Ă  quelques mĂštres du FĂŒhrer. Comme on sait, l’explosion Ă©pargna Hitler et le complot fut ensuite rĂ©primĂ© avec une cruautĂ© inouĂŻe. Plusieurs officiers gĂ©nĂ©raux combattant en Normandie furent arrĂȘtĂ©s ou contraints de se suicider. Le complot, toutefois, n’eut guĂšre d’influence sur la bataille les conjurĂ©s estimaient qu’il fallait de toute maniĂšre se battre le mieux possible pour inciter les AlliĂ©s Ă  traiter. 8. La sale guerre La violence des combats provoqua l’apparition d’atrocitĂ©s dont les AlliĂ©s n’avaient pas l’idĂ©e en dĂ©barquant. Des parachutistes pendus dans les arbres furent Ă©masculĂ©s. Plusieurs fois, les SS exĂ©cutĂšrent leurs prisonniers. Ils fusillĂšrent nombre de rĂ©sistants, tout en Ă©pargnant relativement la population civile pour Ă©viter d’avoir Ă  combattre une insurrection en plus des forces alliĂ©es. Sur les plages, des prisonniers allemands furent exĂ©cutĂ©s, d’autres furent contraints de pĂ©nĂ©trer en tĂȘte sur les champs de mines pour ouvrir la voie. Les Allemands laissaient derriĂšre eux toutes sortes de piĂšges destinĂ©s Ă  tuer ou Ă  mutiler leurs adversaires – cadavres cachant des explosifs, mines antipersonnel qui explosaient Ă  la hauteur de l’entrejambe, bombes dissimulĂ©es dans les maisons ou dans le matĂ©riel abandonnĂ©. En reprĂ©sailles, les soldats alliĂ©s ne mĂ©nageaient pas leurs ennemis, usant de lance-fammes pour les dĂ©busquer ou bien dissĂ©minant des tireurs d’élite munis de fusils Ă  lunette dans la campagne. Les chasseurs-bombardiers Ă©taient omniprĂ©sents et s’attaquaient systĂ©matiquement aux vĂ©hicules isolĂ©s. Plusieurs gĂ©nĂ©raux furent tuĂ©s ou blessĂ©s par ces attaques aĂ©riennes ciblĂ©es. Au total, la bataille de Normandie fit quelque 30 000 morts chez les AlliĂ©s et autant chez les Allemands. 9. La mort dans la tĂȘte Beaucoup d’hommes ne purent pas supporter la duretĂ© de la bataille. Olivier Wieviorka a dĂ©crit le calvaire moral endurĂ© par les combattants. Les jours Ă©taient longs, les combats sans fin, le sommeil rare. Les abris Ă©taient prĂ©caires, les rations froides, l’habillement insuffisant. Les pluies de l’étĂ© 1944 furent les plus fortes du siĂšcle. La couverture aĂ©rienne fut intermittente, et les trous oĂč l’on se terrait pour la nuit Ă©taient souvent inondĂ©s. L’abondance des haies et des chemins creux renforçait le sentiment de vulnĂ©rabilitĂ©. Les embuscades Ă©taient frĂ©quentes et meurtriĂšres. Faute d’effectifs, les unitĂ©s Ă©taient rarement relevĂ©es, et beaucoup de soldats dĂ©barquĂ©s au dĂ©but de juin combattirent sans trĂȘve jusqu’au mois d’aoĂ»t. Des soldats amĂ©ricains aident leurs camarades Ă©puisĂ©s pendant le dĂ©barquement Ă  Utah Beach, le 6 juin 1944. AFP Ces conditions terribles mirent Ă  l’épreuve les nerfs des fantassins. Les dĂ©sertions et les mutilations volontaires furent nombreuses. Plusieurs milliers de soldats furent victimes de troubles psychiatriques qui les empĂȘchĂšrent de continuer la guerre. Un tiers des blessĂ©s environ n’étaient pas touchĂ©s physiquement, mais atteints de psychonĂ©vrose ou d’épuisement au combat. Le commandement alliĂ© dut admettre la rĂ©alitĂ© de ces maladies traumatiques et hospitaliser ceux qui craquaient. Les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes frappĂšrent Ă©videmment les combattants allemands. Mais la Wehrmacht ne reconnaissait pas ces troubles mentaux. Ceux qui craquaient Ă©taient fusillĂ©s. 10. La bataille du sexe Universitaire amĂ©ricaine, Mary Louise Roberts vient de lever le voile sur un aspect jusqu’ici occultĂ© de la bataille de Normandie l’attitude d’une partie du corps expĂ©ditionnaire amĂ©ricain envers les femmes françaises. Certes, dans leur immense majoritĂ©, les GI traitĂšrent avec respect les populations qu’ils Ă©taient venus libĂ©rer. Mais une minoritĂ© d’entre eux crurent trop aux prĂ©jugĂ©s en cours aux Etats-Unis sur la France et les Français. Pour la presse, pour une partie du commandement, la France Ă©tait le pays de la bonne vie et du sexe libre. La prostitution Ă©tait lĂ©gale et, plus gĂ©nĂ©ralement, les femmes françaises avaient la rĂ©putation injustifiĂ©e de cĂ©der facilement aux avances des vainqueurs. Nombre de liaisons entre soldats et jeunes Françaises ne prĂȘtaient Ă  aucune critique. Mais les agressions sexuelles furent frĂ©quentes et les plaintes des autoritĂ©s civiles françaises nombreuses. Dans les cas extrĂȘmes, 152 fois, il fallut rĂ©pondre Ă  des accusations de viol formulĂ©es par des Françaises Ă  l’encontre de soldats amĂ©ricains. Plusieurs dizaines de GI condamnĂ©s par la justice militaire furent pendus. Ces affaires reflĂ©taient aussi l’une des particularitĂ©s du corps expĂ©ditionnaire la sĂ©grĂ©gation dont Ă©taient victimes les Noirs dans l’armĂ©e amĂ©ricaine. La grande majoritĂ© des condamnations pour viol frappĂšrent des soldats afro-amĂ©ricains, alors qu’ils reprĂ©sentaient Ă  peine 10% des effectifs. Pour le commandement, cette surreprĂ©sentation confortait un prĂ©jugĂ© les Noirs avaient une sexualitĂ© exubĂ©rante qui les conduisait au crime. Mais Mary Louise Roberts montre aussi que les tribunaux militaires amĂ©ricains avaient une fĂącheuse tendance Ă  sĂ©vir surtout contre les soldats noirs et Ă  traiter avec beaucoup plus de lĂ©gĂšretĂ© les mĂȘmes faits quand ils Ă©taient imputĂ©s Ă  des soldats blancs. L’analyse des procĂšs rĂ©vĂšle que souvent les condamnations des soldats noirs Ă©taient prononcĂ©es sans preuves, sur la foi de tĂ©moignages contestables. Ainsi, l’armĂ©e amĂ©ricaine, qui agissait au nom de valeurs universelles et qui a libĂ©rĂ© l’Europe, gardait aussi certaines pratiques dont les Etats-Unis n’allaient se dĂ©barrasser que beaucoup plus tard
 11. Messieurs les Anglais
 Quand les Français se remĂ©morent ces mots Ils ont dĂ©barquĂ© ! », ils pensent Ă©videmment aux GI amĂ©ricains et non aux tommies britanniques. Pendant que dĂ©file le gĂ©nĂ©rique du Jour le plus long », produit par un AmĂ©ricain, Darryl Zanuck, on voit en gros plan un casque abandonnĂ© sur une plage, qui symbolise la souffrance des soldats. Le casque est amĂ©ricain. Les trois meilleurs films consacrĂ©s au D-Day Au-delĂ  de la gloire » de Samuel Fuller, Il faut sauver le soldat Ryan » de Steven Spielberg et FrĂšres d’armes » de Tom Hanks et Steven Spielberg, mettent en scĂšne des unitĂ©s amĂ©ricaines. Pourtant ce sont les Britanniques qui auraient mĂ©ritĂ© la premiĂšre place dans la lĂ©gende. Les troupes britanniques et canadiennes dĂ©barquent Ă  Juno Beach, le 6 juin 1944. Mary Evans/Sipa Sur les 155 000 hommes du jour J, la moitiĂ© sont britanniques, et d’autres sont canadiens. Sur cinq plages, trois ne sont pas amĂ©ricaines, Gold, Juno et Sword. Si le commandant en chef, Eisenhower, est amĂ©ricain, le chef des troupes Ă  terre, Bernard Montgomery, est anglais. L’assaut des plages confiĂ©es aux Britanniques fut mieux prĂ©parĂ© et mieux exĂ©cutĂ© que celui des plages amĂ©ricaines. Les opĂ©rations avaient Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es trĂšs Ă  l’avance en Grande-Bretagne sous la direction de lord Mountbatten, membre de la famille royale et chef des opĂ©rations combinĂ©es. Les ports artificiels qui ont permis d’acheminer des renforts, les Mulberries », Ă©taient une invention deWinston Churchill. Un officier britannique, le gĂ©nĂ©ral Hobart, avait mis au point des chars spĂ©cialisĂ©s qui permettaient d’ouvrir les champs de mines sans pertes ou de cisailler les haies du Bocage normand. La Royal Navy et la Royal Air Force prirent une part dĂ©cisive Ă  l’assaut. Enfin, l’opĂ©ration Fortitude, qui a trompĂ© les Allemands de maniĂšre magistrale, a Ă©tĂ© conçue et rĂ©alisĂ©e par l’Intelligence Service et l’état-major britannique. C’est seulement par la suite que l’armĂ©e amĂ©ricaine prit l’ascendant sur les troupes britanniques, grĂące Ă  la force de l’industrie des Etats-Unis et parce que l’Empire britannique avait Ă©puisĂ© ses ressources en combattant seul contre Hitlerpendant plus d’un an. 12. Et les Français ? Par masochisme ou par ignorance, on daube frĂ©quemment sur la minceur extrĂȘme des effectifs français engagĂ©s le 6 juin les 177 membres du commando Kiefer, certains parachutistes des Ă©quipes Jedburgh larguĂ©s sur la Bretagne, les marins des deux navires prĂ©sents au large des plages. C’est tout. La moquerie est injuste. D’abord, les hommes de Kiefer, intĂ©grĂ©s dans les troupes d’élite de lord Lovat, fĂ©rocement entraĂźnĂ©s pendant deux ans par leur chef, ont atteint tous leurs objectifs, notamment le casino d’Ouistreham, transformĂ© en bunker par les Allemands et pris au matin du 6 juin. Sur les 177 hommes de Kiefer, 153 furent tuĂ©s ou blessĂ©s pendant la bataille de Normandie. Le commando Kieffer progresse dans Ouistreham, aprùs les combats du 6 juin 1944. Jose Nicolas / Jacques Witt / Sipa Ensuite, il Ă©tait convenu que les soldats français, recrutĂ©s surtout en Afrique du Nord, combattraient en Italie, avec l’armĂ©e qui affrontait les Allemands dans la pĂ©ninsule. Nombreux, bien entraĂźnĂ©s, bien commandĂ©s, mĂ©langeant troupes coloniales et combattants musulmans, ces soldats jouĂšrent un rĂŽle important dans la LibĂ©ration. Beaucoup se couvrirent de gloire Ă  la bataille du Monte Cassino ou pendant le dĂ©barquement de Provence. La RĂ©sistance française, enfin, aida au succĂšs d’Overlord. Sa force militaire Ă©tait rĂ©duite. En revanche, les actions de renseignement et de sabotage effectuĂ©es par l' »armĂ©e des ombres » furent prĂ©cieuses. GrĂące aux rĂ©sistants, les AlliĂ©s connaissaient en dĂ©tail les fortifications du mur de l’Atlantique. Au jour J, la coupure des communications et le sabotage des chemins de fer dĂ©sorganisĂšrent la riposte allemande. Enfin, l’insurrection, souvent prĂ©maturĂ©e, lancĂ©e dĂšs le 6 juin dans toute la France, gĂȘna l’acheminement des renforts allemands vers les plages normandes. Aux GliĂšres, sur le plateau du Vercors, Ă  Oradour ou Ă  Tulle, maquisards et civils payĂšrent le prix du sang. SourcesNouvel Observateur Alan Turing, le mathĂ©maticien cĂ©lĂšbre pour avoir dĂ©cryptĂ© les messages codĂ©s nazis créés par la machine Enigma pendant la Seconde Guerre mondiale, sera le visage des nouveaux billets de 50 ÂŁ, a annoncĂ© la Banque d’Angleterre. Le cryptologue faisait partie d’un groupe de travail mandatĂ© par les forces alliĂ©es pour dĂ©coder les messages envoyĂ©s par les nazis lors du deuxiĂšme conflit mondial. Avec l’aide de ses collĂšgues, il met au point la Bombe. GrĂące Ă  cette machine, les AlliĂ©s peuvent alors comprendre les dĂ©placements des U-boots allemands, Ă©vitant ainsi la perte de milliers de vies humaines, de navires et de provisions. Sa vie a fait l’objet d’un film, sorti en salles en 2014 et intitulĂ© The Imitation Game, oĂč Alan Turing est incarnĂ© par l’acteur britannique Benedict Cumberbatch. Le travail d’Alan Turing a eu une portĂ©e considĂ©rable et ne s’est pas concentrĂ© seulement sur le dĂ©cryptage. Le Britannique Ă©tait aussi mathĂ©maticien, logicien et un gĂ©nie de l’informatique. Il a d’ailleurs jouĂ© un rĂŽle crucial dans le dĂ©veloppement des premiers ordinateurs, d’abord pour le National Physical Laboratory, puis pour l’UniversitĂ© de Manchester. Il croyait Ă  l’intelligence artificielle quand le grand public pensait que c’était impossible, se demandant si les machines pourraient un jour avoir une conscience. Le cryptologue a donc Ă©tĂ© choisi par la Banque d’Angleterre au terme d’un processus de sĂ©lection tenant compte de l’avis d’experts. La banque avait reçu 227 299 candidatures, proposant au total 989 personnalitĂ©s Ă©ligibles. La liste a par la suite Ă©tĂ© rĂ©duite Ă  12 options, puis a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, en charge de la dĂ©cision finale. Parmi la prĂ©sĂ©lection se trouvaient notamment Stephen Hawking, Ada Lovelace, Rosalind Franklin et Srinivasa Ramanujan. AprĂšs avoir fait son choix, Mark Carney a dĂ©clarĂ© Alan Turing Ă©tait un mathĂ©maticien extraordinaire dont les travaux ont influencĂ© notre quotidien aujourd’hui. En tant que pĂšre de l’informatique et de l’intelligence artificielle, mais Ă©galement hĂ©ros de guerre, Alan Turing a apportĂ© une contribution rĂ©volutionnaire et visionnaire au monde de l’informatique. Il est un gĂ©ant sur les Ă©paules duquel de nombreux se reposent aujourd’hui ». CondamnĂ© pour son homosexualitĂ© en 1952, Alan Turing sera graciĂ© par la Reine d’Angleterre Ă  titre posthume en 2013. En 2014, le gouvernement britannique crĂ©e The Alan Turing Institute, un institut de recherche visant Ă  faire du Royaume-Uni le chef de file de l’analyse du big data. L’établissement se veut Ă©galement pionnier dans les domaines de l’informatique, des mathĂ©matiques, des statistiques et de l’ingĂ©nierie. Un conseil d’éthique sur les sciences des donnĂ©es a vu le jour au sein de l’institut en 2016, sur initiative des autoritĂ©s. Le nouveau billet de 50 ÂŁ entrera en circulation fin 2021. On pourra y observer les travaux les plus importants d’Alan Turing, sa signature ainsi que sa date de naissance en code binaire. La coupure sera faite de polymĂšre, un matĂ©riau plus sĂ»r et plus solide que le papier, mais Ă©galement recyclable.

poison qui a tué alan turing